En 2016, Jean-Gabriel Grivé a créé Arskan pour faciliter l’exploitation des fichiers 3D, notamment pour l'impression 3D. Présentation d'une start-up qui révolutionne le traitement des fichiers 3D.
En 2012, après quinze ans dans la direction commerciale, Jean-Gabriel Grivé s’ennuie. Celui qui est passé par des multinationales comme Kodak ou Nespresso souhaite se réinventer. Il aime innover et cherche alors quels seront les enjeux de demain. Il découvre ainsi le secteur de la 3D. Ce secteur très prometteur et plein d’enjeux, mais aussi avec de nombreuses problématiques. Alors qu’il étudie le marché, il se rend compte de la complexité de la numérisation, mais également de la taille phénoménale des fichiers 3D. Il aperçoit alors les opportunités du marché des fichiers 3D. Il acquiert les technologies de compression et de traitement des fichiers 3D d’un laboratoire de recherche et développe avec son d’équipe Arskan Silodata, Arskan Codec et Arskan MoveInside, trois technologies disruptives dans le traitement des fichiers 3D. Rencontre avec cet entrepreneur audacieux.

Bonjour. Pouvez-vous nous présenter Arskan ?
Arskan est une jeune entreprise innovante qui développe des technologies disruptives issues de la recherche scientifique, à travers des crédits impôts recherche. Nous développons trois briques technologiques : le Codec, un compresseur progressif, le MoveInside, un viewer universel sans plugin et SiloData, une plateforme pour exploiter cette technologie. Depuis quatre ans, Arskan développe ces technologies d’exploitation, de visualisation et de partage des fichiers 3D.
Comment fonctionnent vos technologies ?
Arskan propose une technologie, brevetée à l’internationale, permettant de visualiser les fichiers 3D sur le web en mobilité, sans contrainte de bande passante. Cette solution est innovante puisqu’elle ne nécessite aucun serveur externe et aucune connexion Internet. La compression passe par une déconstruction du fichier 3D qui est transformé en formule mathématique. En réalité ce n’est pas une compression, mais une destruction du fichier que nous transformons en code. Cette formule est envoyée en une fois à l’appareil sur lequel sera visualisé le fichier. Ensuite, le modèle est reconstruit progressivement en fonction de ce que veut voir l’utilisateur, à partir de cette formule. Le point positif est qu’une fois le mail ou le SMS reçu, l’utilisateur peut visualiser le fichier 3D hors connexion. Ce sont des technologies que nous avons rachetées au CNRS. Ce fichier 3D est reconstruit dans Arskan MoveInside, qui va décompresser le fichier. Ce viewer est universel, ce qui signifie qu’il ne nécessite aucun plugin.
Ces deux technologies sont utilisables dans votre logiciel Arskan Silodata...

La plateforme Arskan Silodata
Tout à fait. Arskan Silodata est un logiciel SaaS sous forme de plateforme. Il regroupe toutes nos technologies, même si celles-ci peuvent également être séparés. Si un client ne veut que la brique technologique Codec, elle est utilisable séparément, tout comme MoveInside. L’offre est entièrement personnalisable. Silodata permet de stocker les fichiers 3D, gérer les administrateurs, créer des silos (dossiers), gérer les accès... Dans le viewer, l’utilisateur peut communiquer, couper, mettre des pointeurs interactifs… Ce logiciel a été créer pour faciliter le travail collaboratif sur ces fichiers 3D.
Quelle forme prend votre offre ?
Les technologies Arskan peuvent être vendues sous forme d’abonnement ou en vente sèche. Toutes nos technologies sont vendues en licence. Notre plateforme peut même être vendue en marque blanche. Sinon, le client peut prendre un abonnement, mais cela ne représente qu’une petite partie de nos ventes.
Vous fournissez la numérisation à vos clients ou ce sont eux qui acquièrent les données ?
Arskan ne réalise que le traitement des données. Il nous est arrivé de faire de la numérisation pour certains clients, dorénavant nous les accompagnons dans le choix des prestataires. Une fois que la donnée a été numériser, nous traitons les fichiers.
Comment expliquez-vous que les fichiers 3D sont aussi lourds ?
Une photographie en très haute définition est déjà extrêmement lourde. Elle est composée d’un assemblage d’énormément de pixels avec de la donnée. Imaginez maintenant que cette photographie passe en 3D, cela signifierait que chaque pixel deviendrait en réalité un triangle de trois pixels, ce qui ajouterait de la profondeur. Ensuite, il faut relier ces points, ce qu’on appelle un nuage de points, puis on y ajoute la structure, la texture et la couleur, ce qui fait énormément de données à stocker. De plus, le fichier 3D n’est pas inerte contrairement à la photographie, cette mobilité demande énormément de ressources supplémentaires.
Est-ce qu’un fichier compressé peut-être décompresser dans un format pour l’impression 3D ?
Généralement, le fichier qui est compressé par le Arskan Codec est un STL ou un OBJ qui devient un P3DW, qui serait théoriquement « décompressable » en STL. Arskan Codec est capable de compresser par 50, un fichier de 450 Mo en ferait alors 50 Mo. Cela pourrait être une solution pour stocker des modèles 3D ou compresser des fichiers pour les traiter plus tard. C’est un outil que nous pouvons développer.
Vous avez été directeur commercial chez Kodak ou Nespresso, comment s’est faite la transition vers la deeptech ?
J’étais directeur commercial et je m’ennuyais. J’ai recherché sur internet quels étaient les métiers de demain. Parmi les réponses, j’ai décidé de m’orienter vers la réalité virtuelle et plus spécifiquement la dématérialisation. J’ai fait une étude marché sur la dématérialisation du papier en entreprise et, de fil en aiguille, j’ai rencontré des propriétaires de musées qui souhaitaient faire une version 3D de leur galerie. Mes recherches m’ont montré que la 3D était incompatible avec le web. Je me suis alors orienté vers le premier laboratoire de recherche scientifique sur la 3D à Villeurbanne et découvert les méthodes de compression et de transfert que j’ai racheté. Ainsi a été créée la star-up Arskan.
Vous venez de boucler une levée de fond de 1,5 millions d’euros, comment allez-vous investir cet argent ?
Ces fonds ont permis d’industrialiser nos algorithmes, de les rendre scalable pour que nos serveurs ne tombent pas en panne si jamais beaucoup d’utilisateurs se connectent en même temps. Cet argent va aussi servir à structurer l’entreprise, mettre en place des politiques RH, des fiches de postes. Enfin, il va permettre de commercialiser nos produits. Nous préparons une deuxième levée de fond dans quinze mois pour commercialiser nos solutions à l’internationale.
Cette interview fait partie d’une série sur les start-up du secteur de la fabrication additive et de l’impression 3D. Quelle définition donneriez-vous d’une start-up ?
Une start-up est un ensemble de gens passionnés qui essaient de développer un produit et de trouver leur clientèle. Une bande déstructurée qui travaille en allant un peu dans tous les sens pour développer un produit innovant.
Arskan est-elle toujours une start-up ?
Désormais, je nous considère comme une scale-up. Arskan évolue très vite et nous avons dépassé les dix salariés. Cette levée de fond représente vraiment un virage pour Arskan, un virage qui n’est pas des plus évident à prendre.
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